À la recherche de batteries à eau dans une zone de drainage
L’impact du changement climatique se fait déjà sentir. Pour la cinquième fois en six ans, la Flandre souffre de la sécheresse et le déficit pluviométrique atteint à nouveau trois cents litres par mètre carré. Une sécheresse de cette ampleur ne s’est produite que deux fois au siècle dernier : en 1921 et en 1976. Pour faire face à une telle pénurie, des réserves d’eau sont nécessaires. Mais dans 80 % des lieux de mesure, les niveaux de l’eau souterraine sont à nouveau tombés à des niveaux “faibles”, voire “très faibles”. Conséquence ? L’herbe sèche, les arbres perdent leurs feuilles avant terme. La végétation, dont l’évaporation est indispensable pour rafraîchir les villes, est stoppée. Le 19 juillet 2022, nous avons atteint le deuxième jour le plus chaud de l’histoire du pays. Les faits parlent d’eux-mêmes : les extrêmes sont de plus en plus fréquents. Et on s’attend à ce qu’ils deviennent plus extrêmes encore : le sec devient plus sec, l’humide plus humide.
La vérité qui dérange est que le système des eaux flamand n’est pas équipé pour faire face à de tels extrêmes. Des canaux de drainage, des drainages sur les parcelles agricoles, des cours d’eau approfondis et rectifiés veillent à ce que la majeure partie de l’eau de pluie, environ soixante pour cent, s’écoule vers la mer. Le revêtement, le sol très compact et la détérioration de la qualité du sol empêchent l’infiltration des eaux de pluie. Dans le même temps, les compagnies d’eau potable, l’industrie et l’agriculture continuent de pomper massivement les eaux souterraines, soit quelque 400 milliards de litres par an. Notre système des eaux a besoin d’une transition à grande échelle, où chaque goutte d’eau a la possibilité de s’infiltrer. Où l’eau est retenue et réutilisée. Un système des eaux où il y a de la place pour l’eau dans les zones vallonnées.
Heureusement, la Flandre est consciente qu’il y a du travail à accomplir. Il doit y avoir plus de place pour l’eau, telle est la vision du Blue Deal du Ministre Demir, par laquelle la Flandre lutte contre la pénurie d’eau et la sécheresse depuis 2020. Pour la première fois, il existe une politique scientifiquement étayée qui renverse structurellement la situation vers une utilisation circulaire de l’eau, une nature humide et une infrastructure vert-bleu. La vision est également renforcée par le budget nécessaire prévu : quatre cents millions d’euros ont été débloqués pour financer cent cinquante projets concrets.
Pourtant, il n’y a aucune raison de crier victoire. Selon les experts, les économies prévues sont un bon début mais sont loin d’être suffisantes pour résoudre structurellement le problème de la sécheresse en Flandre. En outre, la montée en puissance des projets pilotes ne se fera pas pour l’instant.
Pour que la Belgique redevienne un “pays éponge bleu”, les niveaux locaux sont indispensables. La Flandre n’est pas confrontée à une seule crise globale de l’eau, mais à des milliers de crises locales. La pénurie d’eau à Turnhout ne peut être résolue par les seules infiltrations à Torhout – nous devons commencer à travailler sur des solutions locales partout. Mais là encore, les choses se corsent : la vision globale du Blue Deal, qui devrait en définir les lignes de force, est trop souvent trop engageante et vague, laissant l’initiative et la mise en œuvre concrète aux administrations locales.
C’est précisément à ce niveau local que les projets s’enlisent souvent dans la gestion intégrale et durable de l’eau. Les autorités locales manquent souvent encore de l’expertise nécessaire et de structures de collaboration entre les services traditionnels. En outre, la vision conservatrice de l’eau, avec le principe selon lequel il vaut mieux évacuer l’eau le plus rapidement possible, reste souvent de mise.
La gestion intégrale de l’eau implique de prendre en considération tous les domaines que l’eau touche. L’eau ne s’arrête pas à un contour de projet, ni aux limites communales. Cela demande une approche axée sur la zone, avec une étude de l’ensemble du système local des eaux. Ici aussi, le défi en tant que bureau d’étude est de sortir de nos champs d’expertise et d’aborder l’eau comme un système intégral et multidisciplinaire. L’eau est un élément central, également dans d’autres domaines que la gestion pure de l’eau, de l’industrie à l’aménagement du territoire.
Après le cinquième été sec consécutif, nous nous sommes peu à peu rendu compte qu’un système des eaux sain est la base de notre vie. Et pour y parvenir, il faut une approche intégrale, axée sur la zone, également au niveau local. C’est pourquoi nous plaidons, comme l’indique le Blue Deal, de donner à cette eau miraculeuse plus de place dans la pratique et de rechercher ensemble des batteries à eau pour pouvoir capter les orages extrêmes et les stocker pour plus tard. La recherche de batteries à eau est une activité que nous menons avec toutes nos divisions à la fois, à l’échelle du bâtiment, à l’échelle de la planification, dans des processus industriels et dans des projets d’infrastructure.