Des déplacements plus intelligents grâce à la gestion de la mobilité

En Flandre, les trajets domicile-lieu de travail/école ne représentent qu’un quart de tous les kilomètres-voyageurs, mais ils provoquent néanmoins un engorgement énorme durant les heures de pointe. Pour limiter les embouteillages et améliorer l’accessibilité, nous devrons recourir à des alternatives durables et adopter une gestion intelligente de la mobilité. Nos experts en mobilité Veerle Duportail et Tijs Veyt partagent leurs connaissances sur le sujet.

Du règne de la voiture à celui du vélo

Malgré l’essor du vélo électrique et du budget mobilité, la voiture reste la reine des trajets domicile-lieu de travail. Dans les plans cafétéria, la voiture de société demeure le choix le plus populaire, et le nombre de voitures de leasing immatriculées a atteint un niveau record. Le télétravail pourrait apporter une solution aux heures de pointe. Mais, si 38 % des travailleurs déclarent opter régulièrement pour le télétravail, nous assistons à l’avènement de l’économie du « mardi-jeudi » : dans ce scénario, les travailleurs viennent surtout au bureau les mardis et les jeudis. Cela entraîne un engorgement sans précédent sur la route, dans les parkings et les transports en commun.

Pourtant, les déplacements à vélo offrent un grand potentiel, un quart des travailleurs vivant à moins de cinq kilomètres de leur lieu de travail et plus de la moitié dans un rayon de dix kilomètres. Et néanmoins, 2024 a été une année record en termes d’embouteillages.

Les lieux de travail multimodaux sont-ils la solution ?

On assiste à un glissement des sites traditionnels d’activités situés en périphérie vers des lieux de travail dans les zones urbaines, propices au transport multimodal. Une mobilité plus intelligente est ainsi favorisée mais de nouveaux goulets d’étranglement apparaissent, notamment en périphérie urbaine et dans les centres économiques régionaux. De plus, les procédures de demande de permis se heurtent souvent à des problèmes tels que l’impact sur la mobilité, la qualité de l’air et les nuisances sonores. Sans compter que l’expansion des infrastructures routières n’est pas tenable à terme. La Flandre doit par conséquent rechercher des solutions de mobilité durables et systématiques afin de gérer efficacement les périodes de forte affluence.

Chez Sweco, nous pensons qu’une adéquation intelligente entre l’offre et la demande peut ouvrir des perspectives de mobilité. En déployant des solutions et des technologies innovantes, nous pouvons développer un système de mobilité plus efficace qui prend en compte les besoins de tous les intéressés. 

Veerle Duportail, Responsable Mobilité

Facteurs de succès et goulets d’étranglement

De l’étude à la pratique – Tant à l’échelle régionale et urbaine qu’au niveau des sites d’activités économiques, de nombreuses études sur la mobilité sont déjà disponibles — qu’il s’agisse d’infrastructures cyclables ou de transports en commun. Le problème ne réside donc pas tant dans un manque de connaissances, que dans leur mise en œuvre concrète. Les ressources et les responsabilités sont fragmentées, et des questions cruciales liées à la gestion sont trop rarement posées. Aménager une bonne piste cyclable sur un site d’activités économiques, c’est une chose… mais qui se chargera de la préserver de la neige et du verglas ?

Les entreprises comme force motrice – Les entreprises peuvent jouer un rôle clé dans l’évolution des comportements en matière de mobilité. Mais chaque entreprise n’a pas les moyens et la stabilité à long terme nécessaires pour maintenir de telles mesures, alors que c’est justement cette continuité qui est fondamentale pour un changement durable.

Les employeurs sont demandeurs – Dans la course aux talents, une politique de mobilité innovante peut représenter pour les employeurs un atout majeur afin de renforcer l’attractivité de leur entreprise. Mais pour que les initiatives perdurent, un catalyseur est nécessaire. Une politique de mobilité ne peut fonctionner qu’avec une masse critique suffisante. Sans cette dynamique de groupe, les initiatives s’essoufflent et la démarche globale reste à la traîne — même si la volonté individuelle est bien présente.

Le chaînon manquant de la politique de mobilité

Les entreprises peuvent être un moteur de changement en matière de mobilité, mais elles manquent souvent de vue d’ensemble et de capacité d’action pour réaliser des avancées structurelles. La collaboration au niveau des sites d’activités économiques est donc indispensable, mais difficile à entretenir en pratique. Bien que certaines initiatives individuelles puissent connaître un succès temporaire, elles tendent souvent à s’essouffler faute d’une approche partagée et coordonnée.

Sans une approche partagée, l’évolution de la mobilité sur les sites d’activités économiques restera cantonnée aux bonnes intentions et aux succès temporaires. 

Tijs Veyt, Expert Senior en Mobilité

La foi dans la collaboration volontaire se heurte souvent à une réalité tenace : les comportements opportunistes. Certaines entreprises profitent des solutions de mobilité collectives sans y investir elles-mêmes. Or, pour des systèmes comme les voitures partagées ou les transports collectifs, une participation suffisante est cruciale, car, sans masse critique, cela ne peut pas fonctionner. À cela s’ajoute le fait que de nombreuses entreprises réfléchissent surtout à court terme : ce qui ne génère pas rapidement des résultats fait rarement partie de leurs priorités. Dès lors, ce sont précisément les initiatives susceptibles d’avoir le plus d’impact qui restent bloquées au stade de projet.

Différents acteurs — des autorités locales aux gestionnaires de voirie et de terrains — opèrent simultanément avec des objectifs, des moyens et des priorités très différents. Et qui prend la décision finale en cas de conflits d’intérêts, par exemple lorsqu’il s’agit de concilier le développement logistique et l’accessibilité aux vélos ? Sans un coordinateur indépendant capable de trancher, de concilier les intérêts et d’imposer une collaboration, nous restons bloqués. En effet, tant que personne n’assume véritablement la direction, les projets, aussi bon soient-ils, restent cantonnés aux tables de discussion, et la gestion de la mobilité ne dépasse pas le stade d’initiatives isolées.

L’importance d’un coordinateur neutre

Ce qui manque, c’est un coordinateur neutre — une personne ou une instance capable non seulement de définir une orientation claire, mais aussi de veiller à l’exécution, de concilier les intérêts et de maintenir le cap sur les résultats. Ce rôle peut être assumé par un coordinateur de la mobilité à l’échelle d’un site d’activités économiques, un acteur public ou une organisation spécialisée agissant comme pivot indépendant. L’essentiel est que ce moteur du changement dispose d’un mandat, d’une persévérance et de ressources suffisants pour que les projets de mobilité dépassent le stade d’une simple vision et deviennent réalité. C’est seulement avec un coordinateur qui rallie tous les intéressés et adopte un cap précis que la gestion de la mobilité deviendra un véritable levier pour un système plus efficace, plus durable, capable de gérer les périodes de forte affluence et de mieux maîtriser la mobilité.

Le rôle d’un coordinateur neutre est essentiel pour une bonne gestion de la mobilité. Avec un mandat et des ressources suffisants, cette personne peut mettre à exécution les projets de mobilité. 

Tijs Veyt, Expert Senior en Mobilité

Eiland Zwijnaarde

Le site d’activités économiques Eiland Zwijnaarde est le théâtre d’un projet, dans lequel, au niveau de ce site, notre gestionnaire de la mobilité travaille en étroite collaboration avec tous les acteurs concernés à l’élaboration d’une stratégie visant à proposer des solutions de mobilité efficaces, durables et intégrées. L’objectif est de déployer ces solutions afin de faire d’Eiland Zwijnaarde un projet pionnier en matière de gestion de la mobilité tournée vers l’avenir. Veerle Duportail:

Eiland Zwijnaarde est en pleine expansion, mais se heurte aux limites de l’accessibilité automobile. C’est précisément pour cette raison que nous misons sur une mobilité intelligente, capable de garantir l’accessibilité. Un défi ambitieux, visant à intégrer les mesures de mobilité dans une « Mobility Service Company. 

La mobilité intelligente est essentielle

Pour améliorer l’accessibilité en Flandre et réduire les embouteillages, nous devons adopter des alternatives durables et des stratégies de gestion intelligente de la mobilité. Chez Sweco, nous nous engageons à développer des solutions innovantes qui contribuent à un système de mobilité plus efficace et plus durable. En stimulant la mobilité cyclable, en optimisant les transports publics, en investissant dans les technologies et en plaçant la durabilité au cœur de nos actions, nous pouvons créer un avenir à la mobilité fluide et efficace pour tous.

Source : Selon un article du n° 65 de Ruimte (mai 2025) publié par la « Vlaamse Vereniging voor Ruimte en Planning ».