Adopter la résilience climatique comme entreprise: Antoine Oger, IEEP
Face à la montée des risques climatiques, les entreprises reconnaissent de plus en plus l’urgence de s’adapter et d’innover. Sweco parle de ces défis avec Antoine Oger. Monsieur Oger est directeur exécutif à l’Institut pour le Institute for European Environmental Policy (IEEP). Ses travaux de recherche portent notamment sur la cohérence des politiques internes et externes de l’UE liées au commerce, au climat et à l’économie circulaire.
Monsieur Oger répond aux questions cruciales concernant les facteurs motivant les entreprises à agir face aux risques climatiques, le rôle de la politique européenne dans la formation d’une économie résiliente, et les implications des futures régulations de rapportage sur la durabilité.
Ainsi, en tant que bureau d’architecture et d’ingénierie qui consulte des décideurs politiques et des entreprises, Sweco montre un grand intérêt pour les facteurs et implications identifiés par Monsieur Oger. Afin de continuer à fournir des solutions efficaces et des stratégies pérennes pour les défis d’aujourd’hui et de demain.
Rejoignez-nous pour explorer comment l’engagement proactif dans la gestion des risques climatiques, la prise de décision éclairée et la planification stratégique peuvent ouvrir la voie à un avenir plus durable avec des communautés et des entreprises résilientes.
Bienvenue Monsieur Oger, et merci de vous plonger dans les complexités de la politique et de l’économie climatiques. Dans le monde en évolution rapide d’aujourd’hui, pourquoi les entreprises devraient-elles agir face aux risques climatiques ?
C’est en fait assez simple : les entreprises et les opérateurs privés n’opèrent pas dans un vide, ils opèrent et sont enracinés dans un environnement. Le risque climatique peut impacter les entreprises de différentes manières. Tout d’abord, il peut les impacter directement, si une catastrophe frappe les régions où elles sont situées. Si une inondation détruit votre usine, c’est un impact direct.
Deuxièmement, le risque climatique peut avoir un impact indirect. Il peut impacter, directement ou indirectement, vos chaînes d’approvisionnement et les personnes qui fournissent l’équipement, les biens ou les services dont vous avez besoin pour mener vos opérations. Et enfin, il peut impacter vos clients et les demandes de vos clients, sur lesquelles reposent vos opérations. Ainsi, les risques climatiques impactent les entreprises de toutes directions.
Cela constitue en soi un facteur majeur pour planifier l’atténuation de ces risques. Pour s’assurer que vous avez finalement une certaine résilience, surtout avec l’augmentation des risques, comme nous le constatons actuellement. En regardant toutes les connaissances scientifiques que nous avons accumulées très récemment, le scénario de statu quo est susceptible d’être extrêmement coûteux à long terme. La bonne nouvelle ? Nous avons les moyens pour les entreprises d’intégrer ces connaissances scientifiques, ces données dans leurs systèmes d’opération et de planification. Ainsi, elles peuvent planifier à l’avance, identifier et mettre en place des stratégies pour atténuer les risques.
Comment la politique européenne pourra-t-elle fournir des cadres pour réduire les risques climatiques et offrir une économie plus résiliente ?
Cela fonctionne dans deux directions, à la fois une approche ascendante et descendante. Ascendante, à travers l’Europe, différentes régions, opérateurs et citoyens font face à différents types de risques. Ces expériences peuvent être remontées aux institutions de l’UE, qui ont la capacité de les agréger en connaissances, points de données, etc. Sur cette base, l’UE peut continuer à construire et fournir des évaluations d’impact économiques, sociaux et environnementaux. En retour, descendante, cela peut être déployé dans la législation, les stratégies, un cadre, à mettre en œuvre dans les États membres.
Cette approche présente deux avantages principaux. Premièrement, elle est aussi informée que possible. Les meilleures connaissances scientifiques disponibles guident ces cadres.
Deuxièmement, elle fournit un point de référence. Ce qui ne signifie pas : une solution uniforme à mettre en œuvre exactement de la même manière pour tout le monde. Car encore une fois : différentes régions, différentes personnes feront face à différents risques. Mais cela fournit un point de référence, des structures, un cadre dans lequel les États membres, et finalement les gouvernements locaux, les citoyens et les entreprises peuvent réellement travailler.
La priorité absolue pour les institutions de l’UE en ce moment, est de trouver ce point d’équilibre où nous obtenons les données, les connaissances nécessaires pour réellement faire la différence et stimuler le changement, mais n’entravons pas les opérations réelles, ne surchargeons pas les entreprises avec quelque chose qui devient contre-productif.
Antoine Oger, executive director IEEP
Comment prévoyez-vous que les prochains changements dans le reporting de durabilité (CSRD, paquet omnibus, etc.) auront un impact sur l’urgence du secteur privé à agir pour aborder et signaler leurs risques climatiques ?
Actuellement, je pense que nous faisons face à trois types d’évolutions différents. Et d’un point de vue environnemental, certaines sont bonnes.
Tout d’abord, il y a le gain politique à court terme. Par exemple, la proposition de retarder pour les entreprises la mise en œuvre d’une mesure de deux ans. Du point de vue du risque climatique, cela n’a aucun sens, car la situation sera la même dans deux ans. Une entreprise doit planifier ses investissements sur plus de deux ans, et le climat ne va pas changer en deux ans. Cette approche n’est pas entièrement inutile, car les entreprises peuvent prendre plus de temps pour mieux se préparer à ce qui pourrait arriver. Mais elle présente des gains très limités.
Deuxièmement, il y a l’aspect très important de la simplification, un objectif juste en effet. Comme nous l’avons mentionné, avec une approche ascendante, nous pouvons identifier de nombreux points de données basés sur les meilleures connaissances scientifiques. Bien que cela soit une bonne pratique scientifique, se conformer à toutes les exigences de données de l’UE pourrait entraver les capacités des entreprises, des autorités locales et autres opérateurs. Il est extrêmement difficile de collecter les données, et cela devient de plus en plus difficile. Plus vous avez de points de données à rapporter, plus il est difficile de collecter les données. À la fin de la journée, vous atteignez un point où cela devient contre-productif. Parce que cela prend trop de temps, trop d’efforts.
Et en tant qu’entreprise, vous avez d’autres priorités à gérer. Y compris l’adaptation de vos opérations au changement climatique, ce que vous ne pouvez pas faire, car vous passez tout votre temps à rapporter. Donc, la priorité absolue pour les institutions de l’UE en ce moment, est de trouver ce point d’équilibre où nous obtenons les données, les connaissances nécessaires pour réellement faire la différence et stimuler le changement, mais n’entravons pas les opérations réelles, ne surchargeons pas les entreprises avec quelque chose qui devient contre-productif. Trouver cet équilibre est extrêmement difficile.
Ainsi, troisièmement, actuellement l’UE gagne un peu plus de temps pour augmenter le seuil des régulations qui auront un impact sur les entreprises. J’ai mentionné la surcharge : une entreprise avec un revenu d’un milliard, 7000 employés dans 30 pays et des bureaux partout dans le monde aura des capacités très différentes pour s’adapter ou pour rapporter les nouvelles exigences, qu’une PME locale basée à Bruxelles, par exemple, avec trois personnes travaillant sur la question. Donc, finalement, c’est aussi une question d’augmenter le seuil à partir duquel les entreprises seraient tenues de rapporter sur toutes ces questions environnementales.
Et cela peut avoir du sens, car on peut dire que les grandes entreprises sont les principaux moteurs d’impact.
Elles devraient donc rester dans le périmètre, tandis que les petites entreprises risquent beaucoup plus rapidement d’atteindre ce point que j’ai mentionné précédemment, où cela devient contre-productif.
Merci encore une fois de partager ces perspectives très pertinentes sur la nécessité pour les entreprises d’agir de manière proactive face aux risques climatiques, dans le cadre de la politique de l’UE.
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